Thursday, March 16, 2017

Malraux André, « La condition humaine »

 Malraux André, « La condition humaine »

La condition humaine est un roman d’André Malraux paru en 1933. 



Ce roman ponctue une trilogie entamée en 1928 avec les conquérants et poursuivi avec La voie royale en 1930. Il lui valu le prix Goncourt l’année de sa parution. L’œuvre découle de l’expérience personnel de l’auteur qui a lui-même assisté aux premiers soulèvements insurrectionnels en Chine. De nombreux analystes le considèrent comme la base de l’existentialisme d’après guerre dont certains écrivains comme Sartre ou Camus étaient les chefs de file.


Malraux structure son roman d’après la chronologie des événements qu’il relate. La narration  le 27 mars 1927 pour s’achever au mois d’avril de la même année. Elle s’inscrit dans une contexte historique trouble pour la Chine. Lorsque s’enclenche  le récit, les troupes de Tchang Kaï-Chek marchent sur Shanghai. Les communistes préparent leur arrivé dans l’optique de faciliter le prise de la ville, misant sur les soulèvements d’ouvriers locaux. Le communisme monte et inquiète les ambitions de Tchang Kaï-Chek. Soucieux de conserver les raines du pouvoir, il se retourne contre les communistes avec l’appui des occidentaux présents sur place. Ces derniers, souhaitant éviter la mise en place d’un gouvernement communiste qui les éjecterait de leur position, constituent un soutien financier déterminant pour le général. Ainsi, les communistes de Shanghai perdent le soutien du Kuomintang. Le 12 avril 1927, Tchang Kaï-Chek fait exécuter la majeure partie des dirigeants communistes avec l’aide des Bandes vertes, société secrète criminele. 
En toile de fond de ce récit évolue la ville de Shanghai. Elle doit l’intérêt que lui portent les diverses puissances en marche dans le récit à sa position stratégique. En effet, outre l’importance de son port de commerce, elle bénéficiait de l’implantation de vastes cités occidentalles par les concessions françaises et internationales administrées par des municipalités européennes. De plus, à proximité de la ville, dans ses faubourgs industriels, évoluait un prolétariat de plus de 3 millions de personnes dont la majorité travaillait dans les usines de textile et d’armement.
Elle se manifeste pour la première fois dans l’incipit, s’imposant comme seule source de lumière qui s’oppose aux ténèbres de la chambre où Tchen donne la morte. Elle s’étends alors sous ses yeux, comme une trace lumineuse couchée au bord du fleuve Houang-pou. Par la suite, l’ombre gagne du terrain. Elle avale les couleurs de la ville, ses lumières. La mort envahit tout et plonge la narration dans une atmosphère pesante rythmé par l’impérialisme de l’immédiat. Le style heurté de Malraux donne des impressions d’histoire vivante. On ne se la représente plus en simple spectateur qui avale des dates et des faites. Les délibérations internes des personnages nous poussent sur le devant de l’histoire, nous obligeant à nous confronter au contexte, à comprendre et à admettre les décisions d’individualités dans un univers où l’individualité s’annihile et tombe à chaque instant. Se pose alors la question de la condition humaine. Les destinées semblent s’imposer d’elles-mêmes. Les personnages ne se cherchent que peu de temps, poussés en avant par la nécessité de se trouver avec promptitude. La proximité de la mort, i.e. son omniprésence, les poussent à se rapprocher de Dieu ou plutôt à s’y identifier. Ils ne croient plus en Dieu mais se prennent pour lui.
La grandeur des idéaux avale les individualités. Cet avalement se manifeste de façon prononcé dans le cas de Tchen. Il s’y jette de manière conscient, se plongeant la tête baissée dans le piège d’une mort inutile pour servir une idée qu’il explique lui-même en mots flous. En réalité, cette idée il la pressent et l’éprouve mais ne la comprend qu’en partie. Elle guide son existence et la remplit. Elle en déborde même, trop grosse pour qu’il l’assimile dans son ensemble.
Par opposition, Malraux présente le personnage de Clappique. Celui-ci ne se laisse pas happé par les idéaux révolutionaires. Il se conforme à son égoïsme. Son existence, il l’emplit de fausses biographies, revêtant divers costumes selon les occasions. Bien loin des valeurs traditionnelles (notamment l’amitié, comme nous pouvons le constater pour l’arrestation de Kyo), il se heurts sans cesse à son propre vide.


Les personnages representent des stéréotypes de cette période. Tous s’unissent dans la solitude, sur le fond grisâtre et brumeux des rues dévastée de la ville et nourrissent les prémisses des révoltes à venir. La fin de l’œuvre laisse présager la continuité de la lutte facilitée, outre les précédents, par le retrait du Consortium. L’action du roman, concentrée en seulement quelques jours, se situe à Shanghai en 1927, dans une Chine politiquement décomposé, dominé économiquement par les nations étrangères.
Enfin, bien loin de se limiter à un simple inventaire d’actions, Malraux jongle avec les tonalités et les modes narratifs pour insinuer au mieux l’aspect poétique et philosophique de son œuvre. Ceci en fait l’un des romans marquant du cette époque, d’autant plus que la teneur des enseignements que l’on en tire dépend du type de lecture mené. En effet, quand certains relèvent les faits historiques, d’autres se laissent prendre par le porté philosophique ou politique de l’œuvre.
Pourquoi avoir choisi ce periode particulièrement complexe de la Révolution Chinoise : le soulèvement de Shanghai préparé secretement par les Communistes et réprimé par Tchang-Kaï-Chek ?



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