Wednesday, February 8, 2017

« The Goddess » (Titre originale : 神女, Chine, 1934)


« The Goddess »

Le film « The Goddess » s’inscrit dans la tradition des films de critique sociale de l’époque. Réalisé par le réalisateur Wu Yonggang (qui a été inspiré pour avoir une carrière cinématographique spécifiquement reliée avec les conditions de vie des prostituées), le film muet « 神女 » est un spectacle trompeusement moderne de l’époque, sur l'un des plus anciens sujets dans le monde : une femme, née dans un monde des hommes, luttant désespérément pour améliorer et faciliter la vie de son fils. Le titre du film est une façon Shanghaienne de décrire une femme qui vend son corps.  Shanghai, les années 30, « femme des rues » la nuit, mère dévouée la journée. Une femme sans identité (Lingyu Ruan) se bat pour obtenir une éducation correcte pour son fils, au milieu de l'injustice criminelle et sociale en Chine. Les seuls « hints » de sa profession désagréable sont les robes ornementales accrochées au mur et l’environnement appauvri dans l’appartement. Ruan joue une prostituée qui utilise ses revenus durement gagnés pour soutenir et éduquer son fils. L'héroïne est forcée d'entrer dans la plus ancienne des professions, car c'est le seul moyen pour elle de survivre et de pourvoir fournir d’éducation à son enfant.  Tout simplement, « The Goddess » capte la misère et le désespoir de la Chine à l'époque. Ruan est un symbole de la souffrance en Chine. Seulement en tant que prostituée elle pourrait soutenir son enfant et lui offrir une vie simple et pas dangereuse, ce qui était une rareté à cette époque la à Shanghai.
Une intrigue assez simple, mais en même temps une histoire vraiment captivant. Même si c’est un film muet et noir et blanc, la performance magnifique de l’actrice a attiré mon attention. La façon dont elle exprime la tristesse et le mécontentement de la société momentanée, étant une mère merveilleuse et une prostituée effrayée, est tout simplement émouvante.
En se cachant de la police, elle finit par s'impliquer avec un parieur, qui l'exploite en menaçant son enfant. Leur vie commune devient l'enfer, les voisins ne permettent pas à leurs propres enfants de jouer avec le fils d'une femme moralement corrompue. Nous voyons sa tendresse en berçant son bébé, la terreur quand le « boss » la menace de prendre son enfant si elle ne suit pas ses ordres, la joie quand son fils a de la chance de s'échapper de la saleté de la société qui la martyrise et la maltraite, en allant à l'école. D'autres fois Ruan transmet la colère, l'amertume, la tristesse et la frustration de la situation actuelle. Une scène particulièrement frappante est le moment où elle « négocie » avec le vieux directeur pour garder son enfant à l'école malgré les plaintes des familles les plus « respectables ». Cette scène met également l'accent sur les thèmes de vulnérabilité et de victimisation qui imprègnent la vision sociétale du film. Dans quelques excellentes scènes, le réalisateur et l’actrice mettent l'accent sur des thèmes marquants de la société actuelle, tels que la pauvreté, la souffrance, la division de classes, la mentalité, mais aussi la place des femmes.
Tout ces sujets sont clairement et mémorablement cristallisés dans le film. Deux personnages opposés sont le « boss » de la prostituée, qui la menace et l'utilise pour sa propre cupidité, et le directeur de l’école, socialement conscient qui au bout d’un moment réalise sa dignité et sa valeur, en luttant contre les restrictions d'un « environnement toxique ». Condamnée à 12 ans de prison pour avoir tué le « boss », elle accepte l'offre du vieux directeur, d'adopter et d'éduquer son fils. Elle retrouve la joie, en sachant que son fils échappera au piège social de la pauvreté et de la dégradation, ce qui a détruit sa vie. Il ya des moments merveilleux dans ce film. « La Divine» blâme la ville de Shanghai elle-même pour son échec, elle accuse la ville (et la société à l'intérieur) pour son incapacité à survivre normalement. Montré brièvement pendant la nuit, la ville n'existe que comme des lumières dans une obscurité complète.  Même si « The Goddess » est un film muet chinois de 1934, ses thèmes et la performance audacieuse de Lingyu sont fondamentalement aussi pertinents et percutants aujourd'hui. Surtout dans une nation où les attaques contre les droits des femmes semblent encore être en vogue. C'est la ville de Shanghai qui est représentée comme une vilaine dans le film, plutôt que le gangster joué par l'acteur Zhang Zhizhi, principalement à travers plusieurs encarts, des images de la modernité, représentant une ville sans sommeil - de grands bâtiments dans la nuit et des lumières étincelantes. À un moment, Ruan regarde profondément dans la nuit de Shanghai et, devant son fils, exprime le désir de courir de la ville (et de sa société) qui ne lui permet pas de mener une vie normale. « The Goddess », nom métaphorique, témoigne de la condition des femmes à Shanghai à cette époque.

Le poster du film

« La Divine » est réalisé dans une période de transition entre le cinéma muet et le cinéma sonore, du coup le cinéma chinois est partagé : d’une part, le cinéma soutenu et/ou censuré par les communistes et d’autre part, le cinéma soutenu et/ou censuré par le parti nationaliste. D’ailleurs, l’environnement empêche le réalisateur Wu Yonggang de montrer plus ouvertement la condition des prostituées. Le Shanghai de 1934 est un piège moderne, corrompu et inéluctable.


Sources :


RISTEVSKA Ivana

Master 1 LCSA Chinois

No comments:

Post a Comment